GAMINES
Gamines, Vous aviez l’innocence et
l’humeur joyeuses.
Vos rires, vos déguisements vous
rendaient si heureuses.
Pour une nuit seulement, vous
changeâtes visage
Afin de suivre la foule tout au long du
rivage.
C’était le carnaval, la fête battait son plein
Vous pressâtes le pas en vous donnant
la main
Vous chantiez à tue-tête dans cette
farandole
Vous étiez insouciantes, de vraies
petites folles.
Vos habits de velours, Pierrot et
Troubadour
Laissèrent à vos mères le souvenir de l’amour.
Ce soir là vous aviez la permission de
tout,
De rejoindre guillerettes, cette bande
de fous.
Rien ne laissait présager un tel drame
Gamines, vous qui n’étiez qu’innocentes
petites femmes.
Vous ne vîtes jamais le géant de papier
S’embrasant sur la plage aux rythmes
endiablés.
Etoiles scintillantes vous avez basculé
Dans le monde du silence d’où l’on ne
revient jamais.
Ces deux monstres de glace vous ont
volé la vie
Ont torturé vos corps, chavirés dans la
nuit.
De leurs mains répugnantes ils ont osé
détruire
Vos rêves, vos illusions et vous n’avez
pu fuir.
Mais qu’ont-ils fait de vous, pauvres
enfants d’insouciance,
Quel est donc le démon qui leur fit
perdre conscience ?
Comment imaginer une telle violence
Dans un monde si joli que celui de
l’enfance.
C’est le sable du Nord qui vous a
englouties
Si frêles et si gentilles, vous vous
êtes endormies.
Le corps meurtri et sale vous fûtes
enterrées,
Et toutes ces semaines vos mères vous
ont cherchées.
Sur la plage déserte le cœur brisé de
larmes,
Vous aviez pauvres enfants, votre âme à
marée basse.
Gamines, vous qui aviez tant de choses
à comprendre
Le carnage sur vos vies ne s’est point fait attendre.
De rêves en déchirures, vos mères sont
sans parole
Elles qui vous croyaient belles dans
cette farandole.
C’est de vie à trépas qu’elles ont
chaviré
Les trois filles du Nord dont on a tant
causé.
Avant le cataclysme, Sainte-Cécile
était belle
Loin d’un tel chaos d’une tragédie
cruelle.
Son sable est désormais éclaboussé de
larmes
D’innocentes victimes qui ont rendu les
armes.
Gardez dans vos mémoires une fidèle
pensée
Pour ces filles du Nord que l’horreur a
brisées…
Marie PREVOST
Commentaires